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Journal des vols : septembre - novembre 2002 |
Info
: Cliquez sur les images pour les agrandir et en découvrir d'autres
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5 septembre 2002 : Voler
le matin : c'est bien !
Alors que nous sommes censés entrer au coeur de la saison cyclonique,
le ciel n'en fait toujours qu'à sa tête et nous gratifie
régulièrement d'un magnifique ciel bleu.
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Ce jour-là donc, décollage
à 6h dans la rosée du petit matin direction Sainte-Lucie,
l'île voisine, qui n'est qu'à 1/2h d'océan... C'est
un simple aller-retour, histoire de ne pas oublier la phraséo en
Anglais local !
Au retour sur la Martinique, le spectacle d'une île aux sommets
bien dégagés se laisse regarder... D'ailleurs, je ne suis
pas le seul à apprécier ce vol au petit jour, le contrôleur
annonce : "Et pour info, Juliet Delta, la Pelée est dégagée".
Chose suffisamment rare pour être précisée ! L'atterrissage
sans turbulences sera tout aussi inhabituel.
Conclusion : Voler le matin, c'est bien ! :-)
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24 octobre 2002 : Du
mauvais...
Les mythes ne sont plus ce qu'ils étaient. J'ai eu beau utiliser
toute la puissance de mon logiciel de retouche photo, pas moyen de faire
sortir ces clichés avec un ciel azur et une mer turquoise !
Ce matin, mon plan de vol était déposé pour Georges
Charles, Sainte-Lucie. La météo s'étant un peu améliorée
malgré le passage d'une onde tropicale, le bureau de piste m'informait
que mon terrain d'arrivée était bien ouvert aux VFR... A
en croire les prévisions, on n'aurait pas mis un Cessna dehors,
mais finalement, ce n'était pas si terrible que ça et le
décollage prévu à 9h arriva. |
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Montée à 3500ft entre les 2
couches. Avec la quantité d'eau purgée ce matin, c'était
mieux qu'à 1000ft/mer bien que toujours trop bas pour un éventuel
enfilage de gilet. Le canot 6 places, tout confort, restait néanmoins
à portée de main sur le siège passager en cas de problème
grave.
L'approche ne tarde pas à me larguer pour "Tcharles on one one
eight decimal ziwoou". Avant de les appeler, on prépare quand
même un peu mentalement le speech pour ne pas bafouiller sur la fréquence...
Chez nos voisins, pas de radar, on doit donc reporter sa position le plus
précisément possible pour éviter de se prendre un Dash
8 dans les dents, quoique les TCAS* veillent...mais bon ! |
Aujourd'hui, j'ai les plaquettes et disques
de freins neufs...autant dire que ma capacité à m'arrêter
est quelque peu diminuée... La piste est longue et débouche
pile sur un charmant cimetière (des fois que...), mais mon objectif
c'est la seconde et ultime bretelle de dégagement. Si je la dépasse,
ma réputation ne sera plus à faire :-) Ouf ! On y est. Départ
dans 15 minutes. Avant de repartir, penser à repurger les réservoirs,
car de la flotte, il y en aura encore !
*TCAS : Traffic Collision Avoidance System (système électronique
anti-collison avec les autres appareils) .
1er novembre 2002 : ...du bon ! |
Baptême de l'air pour le petit frère
d'un copain... Depuis le temps qu'il voulait monter dans le "lavion"
!
Petit tour sympathique dans le sud de l'île avec une vue imprenable
sur le Rocher du Diamant que nous avons contourné.
Difficile de savoir ce qui se passe dans la tête d'un enfant lorsqu'il
découvre pour la première fois la 3ème dimension; en
tout cas, il n'a pas eu l'air mécontent de son aventure ! |
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12 novembre 2002 : ...et du grandiose !
C'est un de ces matins où malgré l'heure précoce
(4h30), le réveil n'est pas si difficile. La mission du jour, si
vous l'acceptez, sera d'accompagner un pilote jusqu'en Guadeloupe, puis
de ramener l'avion en Martinique, décollage prévu à
6h30, ce message s'autodé...OK j'accepte ! |
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RDV à 5h30 à l'aéroport.
Le jour commence à peine à poindre, les alentours sont encore
détrempés des pluies de la nuit et la lumière orangée
des lampes de l'aéroport se mêle aux premiers rayons du soleil.
Il fait frais. Tout est calme, la Martinique semble toujours en plein sommeil,
mais le bruit des 180cv du moteur de JC* ne tarde pas à briser le
silence du matin.
Rapidement, nous décollons et atteignons l'altitude de croisière
(5500ft). En bas, sous un manteau de brume ensoleillée, la terre
s'échauffe peu à peu. Je ne suis pas commandant de bord pour
ce vol mais je ne peux m'empêcher de tout surveiller, c'est plus fort
que moi. |
Nous sommes trois dans l'avion
et pourtant, chacun est dans sa bulle. L'ambiance à bord est comme
la température : un peu froide, mais je n'aurais pas voulu qu'elle
soit autrement. Pour moi, l'heure n'est jamais à la rigolade lorsqu'il
s'agit d'aviation : j'observe, dedans, dehors, et je profite d'un spectacle
toujours différent. |
Le retour sera encore plus magique, seul à
bord de ce magnifique C172. A 7500 pieds, devant l'incroyable tapis argenté
de l'océan et au milieu de fabuleux champignons d'une blancheur immaculée,
vous éprouvez des instants d'un bonheur solitaire, égoïste
et absolu.
Je me demande parfois si je suis le seul à être fasciné
par de tels moments. Après tout, jamais je n'ai eu l'impression que
mes passagers ressentaient une telle chose au cours d'un vol. C'est sans
doute pour cela qu'eux ne sont pas pilotes.
Quand je regarde une toile de maître ou que je lis un poème,
je reste souvent perplexe alors qu'eux ne le sont pas forcément.
Le ciel est MA poésie, mon "happening" permanent. :-) |
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Difficile de revenir sur terre,
mais il faut bien redescendre pour avoir le plaisir de repartir encore
!
*JC = Juliet Charly, immatriculation de l'avion
27 novembre 2002 : Un heureux événement... |
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Après plus de quatre mois d'attente
et de rebondissements, la bonne nouvelle est enfin arrivée : le
Conseil Médical de l'Aéronautique Civile me déclare
"apte classe 1", c'est-à-dire que j'ai
maintenant la possibilité de poursuivre vers une carrière
de pilote professionnel / pilote de ligne malgré ma myopie (corrigée
à -3.5 et -4.75 avec des lunettes ou -3.25 et -4 en lentilles).
Les examens médicaux sont bien les seuls où l'on ne peut
pas faire grand chose lorsque l'on est recalé...
La suite est toute trouvée : inscription à l'Institut Mermoz
pour suivre une préparation par correspondance à l'examen
théorique de pilote de ligne. Je sens que je vais
devoir bosser moi... |
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