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Journal des vols : Spéciale Vol de Nuit

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Page spéciale Vol de Nuit

23 mars 2004 : BORUS, retrouvailles d'un soir...

C'était en mai 2001, je mettais pour la première fois le cap sur ce point de report IFR nommé BORUS, perdu dans l'immensité liquide, à mi chemin entre la Martinique et la Barbade. Une panne simulée nous avait alors contraints à un déroutement immédiat sur Sainte-Lucie. A l'issue du vol, le testeur apposait sa signature sur le petit papier jaune qui attestait de mon aptitude au brevet de pilote privé...

C'est dans un tout autre contexte que je reprends la direction de BORUS ce soir. Cette fois, pas d'enjeu pour moi, juste le plaisir d'accompagner Jean-Christophe lors d'un vol commercial à destination de Barbade à bord du BN2 "Islander".
Le décollage, initialement prévu à 18h, sera avancé par le client à 17h30. Comme de coutume, le dossier de vol est déjà prêt, la dernière météo rapatriée au bureau, le complément d'essence et la prévol effectués, plans de vols déposés. Le CRM (Compte Rendu Mécanique) est soigneusement rempli, comme avant chaque vol de transport public. C'est un rituel au déroulement immuable, imposé par la sévère règlementation aérienne.

Destination BORUS

Après avoir embarqué nos passagers et leur déluge de bagages, nous mettons en route à 17h36 direction Grantley Adams, Barbade, à 1h05 de vol. Nous partons VFR* car la nuit n'est pas encore tombée, nous activerons le plan de vol IFR* en route.

La côte Barbadienne

Jean-Christophe me propose de suivre pas à pas le déroulement du vol en vérifiant, de mon côté, les paramètres de l'avion et les ordres du contrôle aérien. Les actions s'enchaînent vite, et je suis un peu perdu au milieu des multiples cadrans du BN2 dont la disposition ne m'est guère familière. J'ai à peine le temps d'apercevoir les derniers rayons du soleil couchant entre deux check-lists que nous arrivons déjà en croisière.
Notre attention se porte sur le DME*, censé nous indiquer l'instant précis où nous croiserons BORUS...du moins si nous parvenons à capter son signal.

C'est avec aussi peu de succès que nous parvenons à contacter "Adams Approach" pour notre clairance IFR. "Liat to Fox Xray Alpha, we can relay you to Adams if you want" : un collègue un peu plus haut et muni d'un émetteur plus puissant se propose de jouer les intermédiaires entre le contrôle et nous, mais nous parvenons finalement à passer notre message.
Nous devrons juste rappeler pour la descente. Un rapide calcul nous indique le moment opportun pour débuter celle-ci afin de se trouver à l'altitude de sécurité de 3000 ft pour débuter la procédure d'approche.
Le contrôle nous maintient à bonne distance de la côte et nous guide vers notre destination en nous fournissant les caps à suivre. Nous apercevons bientôt les lumières de la piste qui nous permettront de terminer notre approche en visuel.
Au fond, la piste de Grantley Adams

L'avion à peine posé, il faut rapidement sortir la carte de l'aéroport afin de pouvoir suivre les instructions pour rejoindre notre place de parking. Pas évident, dans la pénombre du cockpit, de localiser un point précis dont la position n'est pas clairement repérée sur le tarmac... Après 1h07 de vol, nous éteignons les moteurs.
Malgré l'heure avancée, nous ne sommes pas seuls. Le personnel de handling prend en charge nos passagers et leurs bagages, le camion d'essence vient nous ravitailler pour le retour : il nous manque quelques gallons de carburant pour pouvoir regagner la Martinique avec la réserve réglementaire.

Au parking, un Boeing 777 de British Airways s'apprête à repartir

Soulagés de quelques dizaines de dollars, nous reconditionnons rapidement le cockpit pour notre nouveau départ... "Adams ground, Foxtrot Oscar Golf Xray Alpha, ready to taxi" : nous sommes autorisés à rouler pour la piste 09 via le taxiway alpha, sortie numéro 2.

Ce n'est pas le moment de dormir, il faut vite trouver notre chemin dans une obscurité à peine tâchée par la lueur de nos phares. Le fonctionnement correct des instruments vitaux est vérifié tout en roulant alors que le contrôle nous demande de nous apprêter à copier notre autorisation de vol.

"Foxtrot Oscar Golf Xray Alpha is cleared to Martinique via A555, FL60, left turn heading 360 after take-off, squawk 1002" Je viens de copier ma première clairance IFR ! Après les traditionnels essais moteur, nous décollons pour la Martinique, il est 19h57.
C'est une nuit sans lune qui nous portera jusqu'à la prochaine oasis de lumière. Nous stabilisons à 6000 pieds et engageons le pilote automatique. Derrière nous s'effacent les dernières lueurs de la civilisation. Nous sommes presque aveugles, fonçant vers l'inconnu. La douce lumière orangée du cockpit nous laisse à peine deviner les contours de l'appareil. Nous sommes bien dans ce BN2, mais nous sommes également partout ailleurs car l'obscurité laisse libre cour à l'imagination. Immergés dans cette bulle, rien à part nos instruments ne nous permet de déterminer notre position, et nos cinq sens révèlent ici leur profonde inutilité. Pointe du Bout, Martinique

Le temps s'efface également, nous discutons de tout et de rien entre deux vérifications de routine.
Progressivement, le reflet blafard des éclairages publics dans la couche nuageuse se renforce, une tâche à gauche : Sainte-Lucie, une devant : la Martinique. C'est une vision un peu surréaliste, et aux moments de solitude succède le sentiment de se retrouver en territoire connu à l'approche des côtes martiniquaises qui scintillent dans la nuit.
La baie de Fort-de-France brille de mille feux qui se reflètent dans l'eau calme d'un soir sans vent. Elle est un cadre merveilleux pour les ultimes manoeuvres qui marqueront la fin de notre voyage...

*VFR : vol "à vue" utilisant les repères extérieurs
IFR : vol aux instruments, sans repères visuels extérieurs
DME : équipement permettant de connaîte la distance séparant l'avion d'une balise de repérage au sol


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